Je suis devenue maman d’une petite fille en 2018 et j’ai fait une dépression post-partum. Dès qu’elle est née je me suis sentie vaciller et les angoisses sont tout de suite arrivées. J’avais sans cesse peur qu’elle meure et ses pleurs me donnaient envie de vomir. Je la veillais sans cesse, l’hypervigilance prenait le pas sur tout et je ne dormais plus. Cela a duré des semaines. Je n’avais pas réussi à la mettre au sein alors je tire-allaitais exclusivement. C’était épuisant et cela a duré 3 mois. Je ressentais une grande tristesse sans comprendre vraiment d’où elle venait et beaucoup de colère, je pleurais énormément. Je n’avais plus envie de rien, j’étais vide. Le quotidien avec mon conjoint était de plus en plus conflictuel, je me sentais seule, en décalage avec les autres. J’ai immédiatement aimé ma fille et il n’y avait plus qu’elle qui comptait, même si être en sa présence était douloureux pour moi. Je doutais sans cesse de moi, je me sentais nulle, pas faite pour être mère. J’avais tout pour être heureuse mais je ne l’étais pas, je culpabilisais énormément de cela en plus de ne pas comprendre ce qui clochait chez moi.

J’étais infirmière en néonatalogie lorsque je suis devenue mère et j’ai compris que je n’allais pas bien à la reprise du travail qui s’est d’ailleurs mal passée. J’ai eu des idées suicidaires mais la psychologue de la maternité qui me suivait à ce moment là m’a affirmé que je n’étais pas en dépression. J’ai donc erré ainsi pendant 2 ans, sans accompagnement adapté, sans vraie prise en charge, avec des très bas et des un peu plus hauts. J’ai assez rapidement compris toute seule qu’une grande partie de ma descente aux enfers était liée à ma mère et à mon enfance ponctuée de violence. J’ai coupé les ponts avec elle lorsque ma fille avait 1 an et demi. Au bout de 2 ans je me suis sentie mieux et j’ai eu besoin de comprendre ce qui m’étais arrivé. J’ai trouvé de l’information auprès de Maman Blues et j’ai eu envie de me former en passant un diplôme universitaire de psychopathologie périnatale. En parallèle j’ai créé mon compte Instagram @mal_de_meres pour partager mes ressentis dace à la dépression post-partum, des témoignages, pour traiter le sujet de vivre difficilement sa maternité sans tabou. C’est le compte que j’aurais aimé connaitre en pleine tempête. J’ai aussi fait une véritable thérapie qui m’a permis de comprendre ce qui s’était joué en moi et de me réparer peu à peu. Le diagnostic de dépression post-partum a été posé à postériori.

Aujourd’hui ma fille a 6 ans et demi et l’accompagnement des mères en difficultés est devenu mon métier. Un livre sur la dépression post-partum co-écrit avec Elise Marcende, présidente de Maman Blues, a également vu le jour en janvier 2023 (« dépression post-partum, la face cachée de la maternité », éditions Larousse). J’ai à cœur de continuer à témoigner mais aussi de partager mes connaissances sur le sujet pour sensibiliser, informer et aider les mères qui vivent encore bien trop cela dans l’ombre. Je suis ressortie grandie de cette épreuve et il est important pour moi d’en faire quelque chose pour les autres, de donner de l’espoir et des ressources mais aussi de contribuer à lever le voile sur ce trouble encore trop méconnu et stigmatisé. Et ce n’est que le début…